Emmanuelle Vincent et Pierre Larauza, cie T.r.a.n.s.i.t.s.c.a.p.e
Aurélien Nadaud, plasticien/performeur/poète
Virginie Brylinski, cinéaste et Caroline Amoros, artiste-performeuse
Patrick Bokanovski, cinéastes de films expérimentaux
Un public éclectique a participé à cette rencontre, entre une trentaine et une soixantaine de personnes selon les interventions, parmi lesquels une classe de première du Lycée de la Hotoie (option Arts et Vidéo).
Cette année, le choix a été fait de convier principalement des artistes, et comprendre comment ceux-ci franchissent les frontières entre les disciplines artistiques - arts plastiques, vidéo, danse, musique etc. - entre leurs propositions et le public, et entre fiction et réel.
La modération de cette journée a été parfaitement menée par Floriane Gaber,journaliste-auteure-chercheuse en arts de rue, qui a pu parfois mettre en perspective, parfois théoriser, parfois synthétiser et toujours démêler le travail de ces artistes.
La plupart de ces artistes travaillant dans l’espace public s’intéresse à la réaction du public face à leurs œuvres et ce qu’il se passe jusqu’au moment où le passant devient spectateur.
Aurélien Nadaud, pour qui la rubalise et le gaffeur noir, blanc et rouge sont les matériaux principaux des œuvres qu’il crée in situ, parle de "rumeur visuelle" - dans la réalité collective, la rubalise c’est l’interdit, mais les installations réalisées sont-elles interdites ? L’œuvre créée sur ce mur à partir du seul gaffeur noir, blanc ou rouge - est-ce un graffiti ? Doit-elle être éphémère ? Se place-t-elle dans un cadre institutionnalisé, une commande, une performance, ou relève-t-elle de la seule volonté de l’artiste lui-même ?
Caroline Amoros, elle, par ces interventions dans l’espace public en diverses Princesses Peluches (Rose, Kristin, Madame LeJaune, Miss O’Range puis Blanche) a provoqué moultes réactions, en France et au-delà. Et c’est justement cela qui a intéressé la cinéaste Valérie Brylinski, qui en filmant l’artiste en performance, apporte encore un autre regard sur la perception de l’œuvre de Caroline par son public.
La question de l’expérimentation a aussi été très présente sur cette rencontre.
L’expérimentation se fait grâce au décloisonnement : décloisonnement entre l’humain, le bâti et la matière, pour Aurélien Nadaud par exemple, mais aussi pour les artistes de T.r.a.n.s.i.t.s.c.a.p.e, qui décloisonnent aussi les formes esthétiques, notamment dans Chambre(s) d’Hotel, mêlant danse, musique, performance, vidéo, multimédia.
Cinéaste et plasticien, Patrick Bokanovski explique comment lui aussi, il a cherché à décloisonner les genres et les techniques, en transformant les images, la photographie, l’optique. Dans son film Un Rêve, projeté en fin de journée au Ciné Saint Leu d’Amiens le soir même, on reconnait à peine les images des spectacles Barricade* de NoFit State Circus et Waterlitz* de Générik Vapeur prises lors de la Rue est à Amiens 2012, tellement le vidéaste joue avec la frontière entre fiction et réel, à la façon du duo Dali/Buñuel sur Le Chien Andalou, ou Man Ray dans l’Etoile de Mer.
Conclusion idéale pour une journée dense, qui a confirmé une fois de plus la constante évolution de cet enchevêtrement de multiples disciplines que sont les Arts Visuels Urbains.
*Créations soutenues par le réseau ZEPA 1 (2008-2012)
Crédit photos (intervenants) : Philippe Macret
http://www.aurelien-nadaud.com, http://www.princesses-peluches.com, http://www.transitscape.net